"Carte blanche aux incendiaires" titre le Monde Diplo d'août 2006. C'est véritablement le sentiment qu'on a, à voir le quotidien télévisé, l'impuissance de certains, et la volonté de tous, à ne rien faire. C'est étrange, c'est ignoble, c'est le nec plus ultra du XXIème siècle : chaque pays déploient des moyens considérables à évacuer ses ressortissants. Pendant ce temps, le Liban, miracle fragile, utopie sans aucune chance, est détruit, laminé, anéanti, parce que des malades mentaux jouent à "la mienne est plus grosse que la tienne". Incroyable allégorie du monde dans cette terre berceau des monothéismes, où chaque dieu a de bonnes raisons de pulvériser l'autre...non, non, on ne rêve pas, ce n'est pas un anachronisme, on ne parle pas des croisades, ni du Moyen-Age, c'est en 2006! Quelle merdier, quelle honte pour l'humanité, quelle décadence, quelle misère, quelle pitié : nous avons grandi avec la guerre froide, puis nous avons vu maintes et maintes atrocités, et le Liban déjà, les milices, la guerre civile, Beyrouth en miettes. C'est même une expression aujourd'hui pour désigner un désordre majeur ("Range un peu ta chambre, c'est Beyrouth là-dedans"). Et soudain, pour 2 soldats prisonniers, il faut détruire un pays qui a le malheur d'être une terre multiconfessionnelle, multiculturelle, il faut tuer des centaines de civils, il faut anéantir une terre limite, les confins de tous les mondes, parce que la mienne est plus grosse que la tienne. Cauchemar, hallucinations : on ne rêve pas, c'est possible, c'était prévu, personne n'y peut rien. Mais quelle est cette époque qui a rendu possible tant de massacres, du Rwanda aux Balkans, quelle est cette "Communauté Internationale" qui analyse en fonction de jeux d'influences et de pouvoir, pourquoi avoir achevé le XXème siècle en pérorant sur le "plus jamais ça", pour le reproduire à chauqe fois que c'est possible? Qui sont les humains, je veux dire qui sont les gens qui personnellement peuvent se permettre cela sans que personne n'y trouve à redire (car enfin, les décisionnaires ne sont pas si nombreux que cela, on connaît leurs adresses, on sait où ils habitent, et en plus, le système démocratique médiatique "du plus fort c'est-à-dire du plus riche" décadent leur en donne le pouvoir...). Qu'est-ce que ce merdier universel où les gouvernants, usant de leurs pouvoirs pseudo démocratiques, oeuvrent à la décandence des valeurs au nom de la libre circulation de quoi?

Liban, mon beau Liban, tu es l'une des plus cruciales clés du monde, ta paix est la paix de tous, nous t'aimons de tout notre coeur et l'histoire du monde te dois tant, tu es notre poumon, tu es le carrefour de nos mémoires, nous devrions être ivres de ton bonheur : mais la métaphore de Denis ARCAND était juste. Il avait juste oublié de préciser que "le déclin de l'empire américain" générait forcément "les invasions barbares".

Liban, Liban, mon beau Liban

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